au moment où elles allaient pouvoir exercer, elles moururent de la poitrine. Le climat d’Égypte est trop froid pour les nègres accoutumés à une chaleur de trente ou trente-cinq degrés. L’Égypte est pour eux un pays hyperboréen ; c’est leur Spitzberg. Le problème, loin d’être résolu, semblait devenir plus insoluble que jamais. Clot-Bey désespérait de la réussite lorsque le hasard, cet arbitre du monde, vint à son aide. Les rues du Caire étaient encombrées de mendiants lépreux, infirmes, galeux, qui étalaient aux yeux des passants leurs plaies et leur misère. En 1832, Méhémet-Aly les fit rafler tous et déposer au Moristan, et chargea Clot-Bey de surveiller cette multitude immonde. Clot-Bey commença par séparer les hommes des femmes, puis il envoya les plus malades à l’hôpital d’Abou-Zabel dépendant de l’Ecole de médecine. Il y envoya également plusieurs jeunes filles qu’il fit figurer pendant deux ans sur les rôles des malades, quoiqu’elles fussent très-bien portantes, et il employa ce temps à leur faire faire des études médicales à l’insu de l’autorité supérieure.
Lorsqu’arriva l’époque des examens, on commença par les négresses et les Abyssiniennes, et les ministres et les ulémas adressèrent à Clot-Bey les plus vives félicitations sur les succès de ses efforts. Clot-Bey prit alors la parole pour annoncer la mort des élèves des années précédentes et déclarer que l’institution ne pourrait avoir d’avenir qu’autant que les élèves seraient indigènes. On se récria et on allégua les usages musulmans. Clot-Bey fit un signe de la main, une porte s’ouvrit et on vit entrer seize jeunes Égyptiennes non voilées que Clôt-Bey présenta à l’assemblée comme les meilleures élèves. Soumises aux examens, elles s’en tirèrent avec honneur, et les ministres et les ulémas sont désarmés.
— Maintenant, leur dit Clot-Bey, m’enverrez-vous des élèves ?
— Sans doute, répondirent-ils.
— Hé bien, à présent, je n’en veux pas. Celles-ci m’en