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géométrie, l’algèbre et la tenue des livres. Les élèves, au nombre de 240, sont vêtus, logés, nourris aux frais de l’établissement. Y sont admissibles tous les jeunes musulmans de 12 à 18 ans sachant lire et écrire. Tous les maîtres sont Arabes ou Turcs, et l’un des plus distingués est le maître de langue française, Ramadhan-Bey.

Rifaat-Bey me conduit successivement dans toutes les classes. Un ordre parfait y règne. J’interroge quelques élèves sur le français, l’anglais, l’allemand ; ils répondent à mes questions d’une manière très-suffisante. Je leur dicte quelques phrases dans ces différentes langues ; ils les écrivent sans la moindre faute[1].

Mon impression est que cette École portera ses fruits, et que les élèves qui en sortent peuvent rendre des services à leur pays. Malheureusement je crois qu’il n’en sera pas de même de l’École de médecine, dont je vous entretiendrai tout à l’heure, car trop de préjugés religieux et nationaux s’opposent à ce que les musulmans s’appliquent avec succès aux sciences médicales. Dans tous les cas, la situation florissante de l’École militaire est due exclusivement à la persévérance de Rifaat-Bey. Il ne la perd pas de vue un instant ; il ne cesse de stimuler le zèle des professeurs et des élèves. Dans les écoles comme dans les fabriques, tout dépend d’une ferme et sage direction.

Notre tournée finie, nous allons nous reposer sur les divans de la salle du conseil. Rifaat-Bey fait appeler deux fils du pacha, qui sont à l’École depuis six mois, et qui déjà lisent correctement le français et commencent à le parler.

  1. Huit traducteur sont attachés à l’École militaire pour traduire tous les ouvrages utiles à l’instruction des élèves. Voici la liste des ouvrages qu’on traduit actuellement :
    Le troisième volume des Vies des hommes illustres de Plutarque ; l’Histoire de Napoléon, par Léonard Gallois ; le Discours sur les révolutions de la surface du globe, par Georges Cuvier ; les Mémoires de Jules César, traduits par Artaud ; le Cours élémentaire d’art et d’histoire militaire, par Rocquancourt ; l’Aide-mémoire pour l’école de bataillon des chasseurs à pied.