L’ÉGYPTE EN 1858[1].
II. — Alexandrie.
Napoléon observe avec raison, dans un passage de ses Commentaires que, de toutes les entreprises d’Alexandre, celle qui fait le plus d’honneur à son génie, c’est la fondation d’Alexandrie. L’Égypte ancienne avait vécu dans l’isolement ; elle n’avait eu aucun rapport suivi avec les autres nations, ni par l’amour du gain, ni par l’amour de la science ; il fallait pour la rattacher à la Grèce créer un port qui servît de lien et de canal entre ces deux civilisations. Il jeta ainsi le grappin sur l’Égypte, il la mit sous l’influence et sous la dépendance de la Grèce, et au bout de peu d’années, l’Égypte était une docile province de l’empire macédonien. Par quel art extraordinaire les Grecs et les Romains savaient-ils s’assimiler leurs conquêtes ? Les modernes se sont efforcés de les imiter, mais sans succès. Les Anglais, qui passent pour les meilleurs colonisateurs, perdent successivement toutes leurs colonies. Les Grecs ou les Romains eussent converti l’Inde à leur religion, à leurs lois, à leurs mœurs ; les Anglais évacueront l’Inde sans y avoir pu même jeter les germes de la civilisation.
Reconnaître l’importance d’un point géographique, est une des qualités essentielles d’un fondateur d’empire. Constantin et Pierre le Grand eurent cette perspicacité et l’événement a justifié leurs prévisions. Saint-Pétersbourg
- ↑ Voir le numéro de juillet. 1er article (Introduction).