Page:Deherme - Le nombre et l’opinion publique.djvu/59

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE SUFFRAGE UNIVERSEL 39

vaise foi et de mal faire. Car peu importe, quant à la sécurité de l'Etat, que ce soit par tel ou tel motif que les gouvernants adminis- trent bien les affaires publiques, pourvu que ces affaires soient bien administrées. La li- berté ou la force d'âme est la vertu du parti- culier; mais la vertu de l'Etat, c'est la sécu- rité. Enfin, comme les hommes, barbares ou civilisés, s'unissent partout entre eux et for- ment une certaine société civile, il s'ensuit que ce n'est point aux maximes de la raison qu'il faut demander les principes et les fon- dements naturels de TEtat, mais qu'il faut les déduire de la nature et de la condition commune de l'Humanité. »

La vertu ne peut être un principe de gou- vernement, puisque, précisément, le gouver- nement a pour fin d'imposer ce que la vertu ne peut obtenir. Car chacun ne peut sacrifier à tout instant son intérêt personnel, son hu- meur, à l'intérêt général et à la discipline. L'héroïsme n'est jamais qu'exceptionnel et momentané.