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LE SUFFRAGE UNIVERSEL 17

nir à un moyen de sélection unique, dit Re- nan, la naissance vaudrait mieux que l'élec- tion. Le hasard de la naissance est moindre que le hasard du scrutin. »

Hasard ? — Pour la naissance sans doute, non pour l'élection. En démocratie, comme l'avait déjà remarqué Aristophane, les mau- vais citoyens excluent du pouvoir les bons, plus sûrement encore que la mauvaise mon- naie chasse la bonne. Le scrutin donne néces- sairement le pire, et de plus en plus.

C'est presque sérieusement que M. Henri Mazel a pu proposer de remplacer l'élection par le tirage au sort. 11 s'est même fondé quelque vague ligue pour propager cette « auto-démocratie ». Evidemment, l'on y ga- gnerait.

Qu'est donc, après tout, le suffrage univer- sel ? Pour Taine : « C'est la pluralité des Français adultes, mâles, comptés par tête, c'est-à-dire un être collectif où la petite élite intelligente est noyée dans la grosse multi- tude brute; de tous les jurys, c'est le plus