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240 LE NOMBRE ET l'oPIMON PUBLIQUE

riches et les puissants d'être massacrés, lllu- manité ne se fût jamais élevée au-dessus de la primitive sauvagerie. Bonaparte oubliait que deux grandes civilisations, celle de l'Inde et celle de la Chine, ont pu s'épanouir sans concevoir un autre paradis, celle-ci que la mémoire de la postérité, celle-là que le néant. En Europe, les sanctions mystiques n'ont toujours été que les reflets et les appoints des sanctions pénales, lesquelles valaient surtout pour les natures vulgaires dont l'influence sociale positive est à peu près nulle aux épo- ques organiques. Les sanctions personnelles n'ont jamais suffi à elles seules. Quand elles s'opposaient, c'est elles qu'on bravait, non l'opinion ou la coutume. Dans un de ses plus beaux élans d'amour, sainte Thérèse va jus- qu'à accepter l'enfer pour elle-même afin de l'éviter aux pécheurs. Même au moyen âge, le duel persiste. On affrontait la damnation pour se gagner l'opinion publique.