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LA PRESSE 213

La loi de 1881 a aggravé Tesclavage de la presse. Celle-ci y a perdu ce qu'elle pouvait avoir encore de compétence, de dignité et de moralité. Un texte de loi ne peut fonder une liberté.

Entre un chantage, une escroquerie, un proxénétisme et une trahision, s'il y a quel- que journal qui prétende à élaborer ou à res- taurer un esprit public, on ne le peut prendre que pour l'effrayante manifestation d'une dé- mence qui se généralise. Etant une « affaire » d'argent, qui doit rapporter de l'argent, comment serait-il indépendant ? Et puis, où prendrait-il sa règle, où sa doctrine ?

« La presse, disait A. de Vigny en 1834, est une bouche forcée d'être toujours ouverte et de parler toujours. De là vient qu'elle dit mille fois plus qu'elle n'a à dire, et qu'elle divague souvent et extravague. Il en serait ainsi d'un orateur, fût-ce Démosthène, forcé de parler sans interruption toute Tannée. »

Sans doute, la liberté positive, la véritable liberté de la presse et toute liberté spirituelle