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212 LE NOMBRE ET l'oPIMON PUBLIQUE

Le mal que fait la presse est dû bien moins aux abus de la puissance du nombre qu'à son exploitation.

La République nous a donné, croit-on, la liberté de la presse. Hélas ! une loi ne suffit pas pour instaurer une liberté. Aucune liberté n'est possible dans l'anarchie. Une liberté est d'abord un pouvoir indépendant, et donc une organisation au-dessus de l'argent et du nombre. En réalité, la presse est moins libre que sous les plus rigoureuses censures offi- cielles.

Ce que les économistes ont appelé la liberté du travail, ce fut l'exploitation intensive du travail ; ce que les métaphysiciens révolu- tionnaires ont nommé la liberté de la presse, ce fut sa prostitution. Une prostituée est une esclave.

11 n'est de liberté que positive. La seule liberté, sans contrepoids, de la force maté- rielle, de l'argent ou du commandement, est la corruption et l'asservissement des forces morales.