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142 LE NOMBRE ET L OPINION PUBLIQUE

— celui qui laisse faire le mal, non moins que celui qui le fait. Tel pacifiste bavard, tel démagogue rhéteur, tel fonctionnaire som- nolent, tel bourgeois âpre au gain et jouis- seur, tel ouvrier saboteur et riboteur, et tous les Ponce-Pilate,et d'autres, ont autant de part à la destruction de la cathédrale de Reims que les gros obus prussiens et la sauvagerie teutonne déchaînée. Tant de soldats tués, blessés, mutilés, tant de souffrances, tant de ruines et de misères, tout ce qui eût pu être évité ou atténué avec une préparation meil- leure, une organisation sérieuse, c'est la ran- çon de nos erreurs. Ne nous plaignons pas, puisque nous pouvons nous relever encore. Félicitons-nous plutôt, puisque ce ne fut pas l'effondrement de la civilisation la plus haute, la mort de la race la plus noble...

Chance ? Hasard? — Non pas. Gomme le mal, le bien a ses racines.

Les Français perdaient peu à peu le sens de la vie sociale. C'est pourquoi, sans doute, ils affectaient de plus en plus de se dire so-