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LÉGISLATIF ET EXÉCUTIF 109

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nécessairement indépendant, mais extrême- ment limité par les institutions, les traditions, les mœurs, les opinions unifiées, coordonnées par le pouvoir moral.

« Lorsque vous érigez le peuple en pouvoir, dit de Bonald, vous ne lui donnez pas un pou- voir absolu, puisqu'il est dépendant de tous les ambitieux, et le jouet de tous les intri- gants, vous lui conférez nécessairement un pouvoir arbitraire, c'est-à-dire un pouvoir indépendant de toutes les lois, même de cel- les qu'il se donne à lui-même. »

Quand elles ne sont plus réglées, ce ne sont pas les opinions fondées qui gouvernent, mais les caprices, les passions habilement déchaî- nées, les intérêts spéciaux et momentanés, — et contre les conditions mêmes de l'ordre politique et de la vie sociale, les véritables lois, celles qui ne s'écrivent point.

Car les lois ne sauraient être le fait d'une volonté plus ou moins nombreuse ou plus ou moins consciente. Elles sont, et elles ne per- mettent que la volonté du fait.