Page:Deherme - Le nombre et l’opinion publique.djvu/117

Cette page n’a pas encore été corrigée

LÉGISLATIF ET EXÉCUTIF 97

rer aucune loi, nul aussi ne se peut flatter de les connaître toutes, encore moins de les interpréter congrûment. Et c'est là une riche matière pour les fripons. Combien Louis XI était naïf!

Ainsi, les lois écrites — qui sont au mieux un expédient, un mécanisme nécessairement défectueux, puisqu'il ne peut s'adapter à tous les mouvements de la vie sociale — ne sau- raient suppléer les mœurs et les institutions, muscles, sang et nerfs d'une société vivante. Elles contribuent même à ruiner ce qui en subsiste encore : après la province et la cor- poration, l'Église, la patrie et la famille.

Et nous en sommes là.

Isolé, passant, pauvre, n'étant plus enca- dré par aucune institution, appuyé par au- cune solidarité durable de région ou de pro- fession, ni même par une opinion publique dirigée et réglée, il est bien vrai que le simple honnête homme devait être, dans l'univer- selle dissociation, bafoué, vexé, brimé, ex- ploité, écrasé de toutes façons, par toutes