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84 PREMIÈRE PARTIE — LA CRISE ÉCONOMIQUE

nières convulsions des crises qu'elle a provoquées Sur un prolétariat dissocié, la ploutocratie pouvait ' tout oser. Ce fut Texploitation, non seulement de rhomme, mais encore de la femme et de l'enfant : la dispersion de la famille, et donc le développements de l'alcoolisme, de la prostitution, de la criminalité^ i

— toutes les déchéances.

Jules Simon, qui n'était pas un énergumène, a pu., écrire ce livre : UOiivrier de /mit ans. On vit des mar- ' chés d'enfants. L'économiste Villermé a visité des filatures où travaillaient des enfants de six ans quinze > à seize heures par jour.

Cependant, le compagnonnage persista. Il y eut même des grèves. En 1822, trois ouvriers des envi- rons de Rouen furent condamnés pour faits de grève i à dix ans de travaux forcés. Les grèves des charpen- tiers de 1845 et 1856 sont célèbres.

Ne pouvant plus s'occuper ouvertement de leurs" métiers, les ouvriers firent de la politique dans les sociétés secrètes, qui se multiplièrent alors. Ils con- spirèrent. Le romantisme révolutionnaire les étourdit,

— et après leur cœur, ce fut leur esprit qui se gâta. Sur les barricades des faubourgs, ils plantèrent le sinistre drapeau noir portant, en lettres rouges, rinscription de leur désespoir : <( Vivre en travail- lant ou mourir en combattant ». Ce fut la guerre hideuse des pauvres contre les riches. « Toutes les-ii fois que nous voyons une guerre civile dans la Cité, dit Fustel de Coulanges, les riches sont toujours d'un parti et les pauvres dans l'autre ».

Les syndicats ouvriers n'ont pu se constituer léga-