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CHAPITRE IV — LE SYNDICALISME 83

du désordre. Mais ces épreuves sont devenues indis- pensables qui apprendront enfin aux citoyens fran- ^,ais, bourgeois ou prolétaires, qu'il est des solida- rités nationales qu'on ne saurait rompre et des principes de direction sociale qu'on ne saurait mé- connaître impunément.

Dans ces tragiques conjonctures, le théoricien aura pour tâche de mettre en lumière la leçon qui se dé- gagera de ces expériences, et le praticien aura pour devoir de les faire concourir à la reconstitution de la société française.

Dans cette crise, décisive, le syndicat est appelé à jouer un rôle important comme ferment de dissolu- tion et, peut-être, comme énergie organique. Il con- vient d'y faire attention.

On sait que les lois des 17 mars et 14-17 juin 1791, au nom de la liberté du commerce et de l'industrie, supprimèrent les jurandes et maîtrises et proclamè- rent « Tanéantissement de toutes espèces de corpo- rations de citoyens de même état et profession ». C'est au moment où le machinisme allait bouleverser Téconomie industrielle que la Révolution, dans son délire individualiste, brisait les organisations ou- vrières! Jusqu'en 1864, les coalitions furent inter- dites et sévèrement réprimées.

C'est le « privilège industriel », comme l'appelait le comte de Chambord, qui, <( tenant dans ses mains l'existence des ouvriers, se trouvait investi de domi- nation qui pouvait devenir oppressive et amener par contre-coup des crises funestes ». Oppressive, cette domination le fut aussitôt; et nous assistons aux der-