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78 PREMIÈRE PARTIE — LA CRISE ÉCONOMIQUE

faiblir, je dirai même que l'idée de défense de la caisse commune les rend quelquefois inaccessibles à certaines considérations d'ordre sentimental. J'en- trevois chez beaucoup d'entre eux des qualités qui font le parfait capitaliste ».

Et bien, à notre sens, voilà précisément qui est une perte, et considérable.

La sécheresse du capitaliste a son utilité, si elle est strictement limitée aux capitalistes et si le nombre de ceux-ci est limité aux besoins que peut en avoir la société, de façon que leur petit groupe puisse tou- jours facilement être surveillé, contrôlé et contenu par Topinion publique organisée. Mais cette séche- resse devient un vice si elle dénature les autres facultés, par exemple celles du cœur chez les femmes et les prolétaires.

Les qualités d'un capitaliste chez un prolétaire sont des vices détestables, de même que les senti- ments d'insouciance généreuse de celui ci chez celui-là sont des défauts qui ne tarderaient pas à le ruiner.

Chaque catégorie a son champ d'action, chaque organe a sa fonction, d'autant mieux accomplie qu'elle est plus spécialisée. Singulier progrès que de tout confondre ! Ce n'est que dans les êtres les plus inférieurs que tous les organes sont aptes, in- différemment, à toutes les fonctions.

Examinant le projet de M. Mildé, l'ancien ministre Charles Dupuy définit ainsi le bourgeois : « Un homme prévoyant ». Parfait. Mais c'est reconnaître que le prolétaire n'est pas prévoyant de nature. Les