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76 PREMIÈRE PARTIE — LA CRISE ÉCONOMIQUE

lectif peut être encore un stimulant ; mais déjà biei'| affaibli. Le participant sera toujours porté à dire « Pourquoi moi, et pas les autres », ou « pourquoi pas moi, au lieu des autres », suivant les cas. Il es vrai que là une surveillance étroite et jalouse de toui j sur chacun y supplée ; mais peut-être regrettera-t-or | alors la « tyrannie patronale ».

Toute Texpérience coopérative depuis 1848 k confirme. L'intérêt collectif se mue parfois en senti- ments qui soulèvent les enthousiasmes et suscitent des héroïsmes, il n'a jamais été, il ne sera jamais rame d'une entreprise industrielle ou commerciale.!

Cependant, M. Mildé nous dit : « Le suffrage! universel ira bien trouver les plus dignes dans cei milieu spécial où les intérêts de tous sont en jeu, eti j'en trouve la preuve dans la prospérité ininter- rompue de l'entreprise Leclaire, où les gérants, désignés par le vote de tous les participants, sont obligatoirement choisis parmi les membres socié- taires ».

11 néglige ceci, que les ouvriers de la maison"! Leclaire ne sont pas et ne deviennent pas copro- priétaires. Trois d'entre eux sont élus gérants à vie; et constituent la société en nom collectif. C'est là une disposition qu'on ne saurait trop engager M. Mildé à prendre. Elle serait parfaite, si les gérants, une fois nommés, étaient chargés eux-mêmes de désigner leurs successeurs.

C'est que l'écueil le plus dangereux de la coopé- ration ou de la copartnership est le suffrage univer- sel.