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CHAPITRE II — LE SOCIALISME 57

Ce n'est pas la splendeur de Texpression, sa lo- gique apparente, ni même Tintention généreuse de son propagateur que nous avons à apprécier dans ridée qui présente ses titres : c'est la manière dont elle pénètre les foules sociales, dont elle élève les âmes en les illuminant, dont elle se traduit en défi- nitive dans les actes. Tolstoï est responsable de Tago- nie épouvantable des Doukhobors ; Elisée Reclus et Kropotkine, malgré la magnificence de leur idéal et l'admirable droiture de leur vie, sont responsables de Ravachol, d'Emile d'Henry et de toutes les aber- rations de la « propagande par le fait ».

M. G. Sorel sait fort bien que la question ouvrière n'est pas sans lien avec la question nationale et qu'il faut, à tout le moins, qu'une nation soit forte pour imposer au dehors le respect des conventions inter- nationales du travail.

Cependant, le syndicalisme s'occupe beaucoup plus de sabotage, d'antipatriotisme et d'antimilita- risme que d'organisation du travail et d'instruction technique du travailleur.

Cet antimilitarisme quasi-héroïque est d'ailleurs beaucoup moins grave que le sabotage. L'antimili- tarisme d'en bas qui s'avoue naïvement est certaine- ment moins pernicieux que l'antimilitarisme d'en haut qui se dissimule sous les discours chauvins des ministres.

L'antimilitarisme et l'antipatriotisme ne sont que du militarisme et du patriotisme retournés. Le mili- tant a l'âme d'énergie du militaire. Il garde le sen- timent vivace de la guerre. En somme, cet antipa-