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56 PREMIÈRE PARTIE — LA CRISE ÉCONOMIQUE

de ses théories, il insinue qu'il a été mal compris. A Tentendre, c'est la logique des faits et non celle de ses idées qu'il faut accuser.

Il serait temps qu'une opinion publique organisée imposât rigoureusement à tous les théoriciens la res- ponsabilité morale de leurs idées.

Le socialisme syndicaliste, en se défendant de toutes vues sur Tavenir, croit qu'il se dégage de toute responsabilité. Or l'ouvrier en révolte ne se peut dispenser d'imaginer la société future. On ne risque pas son bonheur et sa vie pour des « mythes », quand on sait que ce ne sont que des mythes. Au surplus, la machine est un Christ insuffisant pour recommencex l'aventure chrétienne.

M. G. Sorel déclare : « Une des plus grosses illu- sions des utopistes a été de croire qu'on peut dé- duire le schéma de l'avenir quand on connaît bien le présent ». Cette illusion, qui est d'abord de la sincérité, est des plus scientifiques ; car la prévision est l'objet même de la science. Pourquoi savoir, si ce n'est pour prévoir afin de pourvoir? Et aussi comment savoir? a On ne peut bien apprécier ce qui est, dit A. Comte, qui n'a rien, nous présumons, d'un utopiste, sans le rattacher, d'une part à ce qui a été, d'une autre à ce qui sera ».

M. G. Sorel se trompe grossièrement s'il croit qu'il ne saurait être rendu responsable de ses idées. Plus il ruse en les maintenant volontairement dans l'obscurité, plus il risque. Comme c'est un homme de haute conscience, nous l'en avertissons, il se pré- pare de lourds remords.