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CHAPITRE II — LE SOCIALISME 49

la diffusion des procédés techniques qui forment les hommes qu'il faut à une société socialiste, à une société de producteurs.

A ces théories contradictoires, le vrai syndicalisme répond par le <( sabotage », qui va depuis Tindiffé- rence stupide à la production jusqu'à la malveillance sournoise, voire même jusqu'à la sauvage destruc- tion des machines.

Cependant, M. Sorel, philosophe syndicaliste, qui ne fréquente dans aucun syndicat, qui ne lit aucun journal syndicaliste, qui n'entend et ne voit rien que ses propres idéologies, écrit ingénument : « Une transformation complète se produit dans les mœurs de l'ouvrier : l'inertie, la malveillance et l'insou- ciance, qui caractérisaient le salarié aux époques des salaires de famine, sont vaincues définitivement; il s'intéresse à sa machine et cherche à lui faire rendre le plus possible. Il n'est pas propriétaire des instru- ments de production, mais il a acquis les qualités intellectuelles et morales que ne possédaient pas les anciens ouvriers possesseurs d'instruments ; il n'est plus comparable qu'à l'artisan artiste qui jamais n'a- vait été qu'une exception ; il veut bien faire, car il aime son œuvre ; tandis que le travailleur proprié- taire s'engourdit souvent dans sa tradition technique, le prolétaire moderne ne cesse de progresser et de se mettre au niveau de techniques plus délicates ».

Le socialisme syndicaliste accepte pourtant quel- ques vérités utiles qui jusqu'ici ont été méconnues par les socialistes et même par les syndicalistes. C'est par là qu'il peut être éducateur.

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