Page:Deherme - La Crise Sociale.djvu/62

Cette page n’a pas encore été corrigée

48 PREMIÈRE PARTIE — LA CRISE ÉCONOMIQUE

pensée classique, les sentiments traditionnels, et il pratique la morale de toutes les classes. Comme Proudhon et comme Auguste Comte, il sait bien que, sans la pureté des mœurs, une rigide honnêteté, aucun développement social n'est possible. Il n'ignore point qu'une classe ne s'agrège fortement que par le lien de l'honneur, et que le syndicalisme ouvrier ne pourra jamais s'estimer qu'à la hauteur de son honneur professionnel. Il est presque aussi ivre de morale que le fondateur du positivisme.

Le syndicalisme ne pouvait entendre ainsi la rupture avec tout ce qui fut. Aussi voyons-nous beaucoup de Bourses du travail et de journaux syndicalistes pro- pager avec entrain le néo-malthusianisme et Tamour libre.

Que signifient donc ces paroles de M. A. Labriola : « Nous nous bornons à dire que là où il y a fabrique capitaliste, il y a possibilité de syndicalisme et pos- sibilité d'ateliers sans maîtres ; mais nous ajoutons que cet idéal ne pourra être atteint que lorsque la classe ouvrière sera assez forte moralement et intel- lectuellement pour assumer les fonctions accomplies jusqu'ici par la classe bourgeoise et assez puissante matériellement pour renverser cette organisation de la force qui protège la fabrique capitaliste et qui s'appelle l'État »? — Des mots, des mots...

M. G. Sorel nous invite à rompre brutalement toute continuité dans la pensée et dans le sentiment ; mais non dans l'activité économique. Pour lui, c'est le développement industriel qui fait surgir les condi- tions économiques du socialisme, c'est le progrès et