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CHAPITRE II — LE SOCIALISME 47

surrection des vivants contre Tensembie des morts est contradictoire avec la digne préparation d'un avenir qui suppose le passé ».

Malgré leur répugnance manifeste pour les réa- lités, les philosophes du syndicalisme doivent faire attention à ceci qu'il y a déjà malentendu entre eux et le monde ouvrier.

Et s'il y a malentendu, c'est qu'ils sont de médio- cres éducateurs. La qualité primordiale des éduca- teurs, c'est de se faire bien entendre. Le peuple qui vit dans les faits, qui ne cesse de rester aux prises avec les réalités ne s'en peut abstraire comme les théoriciens bourgeois. Si donc on lui dit que dans la société capitaliste tout est mal, il s'emploiera réellement à tout détruire ; et suivant l'inclination naturelle au moindre effort, il commencera par ce qui est le plus facile. Or le plus facile, comme le plus agréable, c'est de saper tout ce que la civilisation avait laborieusement dressé pour contenir et cana- liser les instincts personnels les plus divergents.

Ainsi, par manque de précision, par exagération démagogique de la phraséologie révolutionnaire, le isocialisme syndicaliste, ici, est contre-éducateur.

M. Georges Sorel imagine une société bourgeoise en repoussoir à la société syndicaliste : ici le para- !dis, qu'on ne définit pas d'ailleurs, là l'enfer qu'on dénonce véhémentement ; l'un est la négation de jl'autre ; détruire celui-ci jusque dans son passé, c'est lédifier celui-là. Malheureusement, on sait par quoi commence l'attaque.

Pour lui-même, M. G. Sorel ne dédaigne pas la