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CHAPITRE II — LE SOCIALISME 45

capitaliste? C'est d'organiser, par les pouvoirs de coercition dont elle dispose, un lien de dépendance tel entre les hommes qu'il les divise, selon une hié- rarchie très autoritaire, en maîtres et serviteurs, patrons et ouvriers, gouvernants et gouvernés. C'est ensuite de réduire toutes les valeurs humaines en des valeurs marchandes, et d'exaspérer, en même temps que l'esprit de domination, l'esprit de lucre et de convoitise. Eh bien, il est évident que si ce double caractère se retrouve au sein des institutions ouvrières, celles-ci n'ont aucune valeur de transfor- mation sociale et ne sont qu'une plate copie des pro- cédés de la vie bourgeoise. Et là est toute l'origina- lité du syndicalisme, dans cette création d'institu- tions prolétariennes, qui réalisent le type contraire du type capitaliste, c'est-à-dire un type où Tesprit autoritaire et l'esprit mercantile font place à l'exer- cice pratique de liberté et à l'idéalisme révolution- naire ».

On distingue aussitôt le point solide de toute la fumée qui l'enveloppe.

Le nouveau socialisme reconnaît la nécessité d'une éducation du prolétariat pour et par l'action orga- nique. Il n'importe, après cela, qu'il prétende oppo- ser, en tout, les institutions prolétariennes aux in- stitutions bourgeoises. Il suffit que ce soient des institutions sociales — et le syndicat, entre autres, doit devenir une institution sociale — pour que ces mots n'aient aucun sens. Les institutions ne vivent que lorsqu'elles dissipent la fumée pour saisir la réalité solide. De même, il n'importe que le syndi-