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CHAPITRE II — LE SOCIALISME 41

Et Brunetière aussi l'avait compris qui eût admis volontiers la socialisation des moyens de produc- tion, si par là « on pouvait établir la quasi égalité économique des membres de la société ».

C'est dans cet esprit humain qu'il faut juger le socialisme. Il n'y a qu'une grande bonne volonté persévérante, un désir sincère de plus de justice et de liberté de tous pour tous et aussi une action énergique et généreuse inlassable qui puissent pré- server notre société des cataclysmes qui la menacent de toutes parts. Voyez, ce sont les socialistes eux- mêmes qui nous indiquent ce qui peut le mieux tarir la source où s'alimente l'esprit de révolte. Voici ce qu'écrit à ce sujet M. G. Sorel : « On ne saurait trop se préoccuper des tendances h la modération qui rendent si faciles aujourd'hui les compromis; j'ai rapporté ces tendances à trois groupes : démocra- tique, moral et chrétien. Les capitalistes deviennent plus accommodants et se pénètrent tous les jours davantage de la nécessité de remplir le devoir so- cial ; le grand obstacle que rencontrera désormais le socialisme proviendra du devoir social. Les ou- vriers font appel aux bons sentiments de leurs maî- tres, demandent à ceux-ci de leur faire Taumône d'un salaire meilleur et acceptent que leurs chefs les représentent comme des enfants qu'il faut traiter avec indulgence. Trop souvent les grèves, qui jadis donnaient naissance aux idées révolutionnaires, arri- vent à produire des relations suivies entre les chefs des syndicats et la bourgeoisie, sous le patronage gouvernemental. Les notions de fatalité économique.