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CHAPITRE II — LE SOCIALISME 35

« Marx a parlé et agi comme si la parole socialiste tombant au milieu d'ouvriers engagés dans des con- flits d'ordre corporatif avec leurs patrons, suffisait pour produire l'organisation du prolétariat ; il a conçu cette organisation sous la forme d'une adhésion à une agitation dirigée par des hommes politiques. Nous savons aujourd'hui que le problème est beaucoup plus complexe que Marx ne soupçonnait. Trois conditions au moins sont à remplir : 1° que le prolé- tariat crée des institutions dans lesquelles il puisse se passer complètement du concours des gens étran- gers à sa classe ; 2° que par une culture morale, il acquière une claire conscience des responsabilités personnelles, et qu'ainsi, il exige de ses fonction- naires une probité supérieure à celle des fonction- naires bourgeois ; 3° que toute son activité ait pour origine et pour but la lutte de classe. Ce sont des conditions difficiles à remplir ».

Ne sachant, en réalité, ni ce qu'il veut, ni ce qu'il peut, il n'est rien de vivant que le socialisme ne nie et il n'est rien qu'il n'attaque par quelque côté.

Si donc nous voulions exprimer objectivement, en une formule assez compréhensive, toute l'action du socialisme dans son ensemble, nous dirions : en pro- clamant la conciliation de tout ce qui pourra être, même ce qui est incompatible et inconciliable, il s'oppose universellement à tout ce qui est.

Il se ronge lui-même. Il s'entre-détruit. Aussi ne progresse-t-il pas. A la veille du congrès de Tou- louse, le parti unifié n'a pu réunir que 49,348 cartes d'adhérents seulement.