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34 PREMIÈRE PARTIE — LA GRISE ÉCONOMIQUE

OU par un coup de main révolutionnaire, ils ne pour- ront rien. On le savait de reste; mais il n'est pas mauvais qu'un des leurs, M. H. Lagardelle, le leur ait répété au congrès de Nancy : « Je dis que ces deux conceptions sont également utopiques, parce qu'elles donnent h la force coercitive de l'État une valeur créatrice qu'elle n'a pas. Que vous opériez selon le mode réformiste ou selon le mode révolu- tionnaire, que vous soyez la moitié plus un à la Chambre ou que vous ayez pris le gouvernement d'assaut, vous ne ferez pas surgir, du jour au lende- main, une société toute faite. De quelque autorité dont vous disposiez, vous ne donnerez pas aux ou- vriers qui votent pour les candidats socialistes, aux électeurs qui, pour des motifs parfois futiles et insai- sissables, se pressent derrière vous, la capacité de diriger la production et l'échange. Vous serez les maîtres de l'heure, vous détiendrez toute la puis- sance qui, hier, appartenait à la bourgeoisie, vous entasserez décrets sur décrets et lois sur lois, mais vous ne ferez pas de miracles et vous ne rendrez pas du coup les ouvriers aptes à remplacer les capita- listes. En quoi, dites-moi, la possession du pouvoir par quelques hommes politiques socialistes, aura-t- elle transformé la psychologie des masses, modifié les sentiments, accru les aptitudes, créé de nouvelles règles de vie, et fait qu'à la place d'une société de maîtres et d'esclaves pourra exister une société d'hommes libres ? »

Même sur l'action à conduire, Marx s'est trompé. M, G. Sorel, qui fut un fervent marxiste, le déclare :