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28 PREMIÈRE PARTIE ~ LA CRISE ÉCONOMIQUE

CHAPITRE II Le Socialisme

Sous un beau nom, le socialisme n'est plus qu'une chose vague, équivoque, confuse et incohérente.

Durant trois quarts de siècle, jusqu'à la Commune, avec des théories plus ou moins intelligentes, il n'a- vait été qu'un même instinct naïf et généreux. Qu'il fût de Saint-Simon, Fourier, Cabet, Pecqueur, Vidal, Bûchez, Enfantin, Colins, Considérant, Blanqui, Pierre Leroux ou Proudhon, c'était toujours le socia- lisme, — l'étoile du prolétariat.

C'était trop simple et peut-être trop beau. Cette^ clarté, cette charité ne convenaient plus aux esprits- obscurcis et aux cœurs desséchés que nous devenons de plus en plus. On n'eut pas assez de sarcasmes contre les utopies et les utopistes. Et Karl Marx vint. Son Capital fut la bible du socialisme scientifique.

Y a-t-on gagné en précision ? Qui oserait le sou- tenir? Depuis qu'on a scientisé le socialisme, il n'est plus possible de savoir ce qu'il est ou ce qu'il n'est pas. Il y a autant de socialismes que de socialistes, — et même plus. Tout est du socialisme, — et le pire. Bebel a dit : « Il a gagné en largeur plus qu'en profondeur )>. Il serait encore plus exact de dire : il a gagné en largeur ce qu'il a perdu en profondeur, et il a tellement gagné en largeur que ce n'est plus qu'une surface. Récemment, nous lisions dans une