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CHAPITRE V — LE POUVOIR SPIRITUEL 371

La foi sera toujours la première des vertus so- ciales.

Résumons. D'après Comte, le pouvoir spirituel a pour destination propre l'organisation et la direction de Topinion publique. Il élabore, il rappelle, il main- tient les principes de socialité. Il règle, il conseille, il consacre. Il a la direction suprême de Téducation, soit spéciale, soit morale. Le nombre des théoriciens ne doit pas dépasser le dix-millième du chiffre de la population totale, et cette fonction ne souffre point la médiocrité morale et intellectuelle.

Si Ton veut bien se rendre compte de la situation critique dans laquelle se trouve la civilisation occi- dentale, et notamment la société française, à tous égards, si Ton y réfléchit librement, peut-être ad- mettra-t-on enfin, avec Comte, que « la formation du sacerdoce positif devient la première condition d'une régénération mentale et morale, non moins indispen- sable à l'ordre qu'au progrès ».

Comme tous les fondateurs de religion, Auguste Comte a trop négligé l'inertie et les résistances qui s'opposent au développement naturel de la société. Il supposait qu'au vingtième siècle l'Humanité tout entière serait ralliée au positivisme comme à la reli-- gion la plus compréhensive. Il se trompait, et peut- être volontairement. Pour mieux voir et nous mon- trer, il rapprochait.

Il y faudra des siècles et des siècles...

Mais ce recul indéfini ne nous dispense point des devoirs présents. Le plus urgent, c'est de commencer, en France, une organisation de l'opinion publique