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CHAPITRE V — LE POUVOIR SPIRITUEL 367

Le pouvoir spirituel doit donc rester étranger à toute puissance matérielle, soit économique, soit po- litique. La richesse et le commandement sont aussi contraires à l'influence morale de la femme dans la vie privée qu'à l'influence intellectuelle du philo- sophe dans la vie publique. « Tout commandement lui devient doublement funeste, soit en préoccupant son esprit de détails qui gênent la vue de l'ensemble, soit en corrompant son cœur par l'habitude d'em- ployer la force au lieu de la raison et de l'amour ». Et A. Comte, ailleurs, dit encore : « Pour se borner à conseiller, il faut ne pouvoir jamais commander, même par la richesse ; autrement notre misérable nature reste disposée à substituer souvent la force aux démonstrations ». L'amour et la persuasion sont les seuls moyens du pouvoir spirituel, — et ce sont les plus efficaces. S'effraye-t-on qu'ils puissent trop, nous répondrons que, s'appuyant sur l'opinion pu- blique et surtout sur l'énergie prolétarienne, ils ne peuvent que le bien.

Ainsi donc, le pouvoir spirituel doit être spirituel sans cesser d'être un pouvoir.

Il y a, là contre, un gros préjugé. On redoute le cléricalisme.

L'éducation est le principal office du pouvoir spiri- tuel constitué. Par le fait même que cet offlce est rem- pli, on peut dire que ce pouvoir se constitue. Aucune fonction ne s'accomplit sans organe. C'est ainsi que toute éducation sociale est cléricale. L'anticléricalisme est proprement de la contre-éducation. S'il n'a pas le « prêtie », le prolétariat aura le « meneur ». Se re-