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24 PREMIÈRE PARTIE — LA CRISE ÉCONOMIQUE

dont tout le génie, annihilé aujourd'hui, émane du cœur. Les bourgeois ne savent qu'étaler leur séche- resse, leur morgue et leur féroce égoïsme.

Les économistes ont prétendu faire de Touvrier un simple moyen de production comme la machine ; les bourgeois ne le considèrent que comme un moyen de s'enrichir pour jouir. Et c'est ainsi qu'on a allumé toutes les colères, — d'autant plus redou- tables que le principe en est juste. Ces colères ne s'éteindront plus : il y a trop de politiciens intéressés à les entretenir électoralement et trop de déma- gogues qui s'appliquent à les utiliser révolutionnai- rement.

Certes, le principe même du suffrage universel, qui consiste à faire choisir les dirigeants par les dirigés et à faire juger les supérieurs par les infé- rieurs, est radicalement absurde. Il semble bien que la métaphysique politique ne puisse aller plus loin dans l'absurde. Et pourtant, que peut-on dire de ce système appliqué à une société en pleine crise, alors qu'il y a toute une classe non incorporée encore et qui représente les plus grandes agglomérations élec- torales ?. . .

On s'indigne de voir l'antipatriotisme, l'action directe, et autres théories d'insurrection, se propager si rapidement dans le prolétariat : on devrait plutôt s'étonner de ce que ces « intuitions » ne se soient pas déjà généralisées. Il faut au peuple un rude bon sens natif pour résister aux sophismes captieux des doctrines que les docteurs formés aux Facultés d'État élaborent à son usage. Il lui faut aussi un fonds iné-