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CHAPITRE V — LE POUVOIR SPIRITUEL 365

de la continuité humaine, représente seul les deux durées indéfinies entre lesquelles flotte le domaine éphémère du pouvoir politique proprement dit. C'est en parlant exclusivement au nom du passé, qu'il contemple sans cesse, et de l'avenir, qu'il médite tou- jours, que le vrai sacerdoce devient Tunique consé- crateur efficace de toutes les dignes autorités empi- riques civiles, ou domestiques. Aussi, le contraste hétérogène des noms usités rappelle à la fois la na- ture propre et le domaine respectif de chacun des pouvoirs spirituel ou temporel ».

Il convient de remarquer qu'à l'hostilité inconsi- dérée des jacobins et des intellectuels pour la sépa- ration des pouvoirs, le bon sens populaire oppose sagement la distinction de la théorie et de la pra- tique. « Chaque profession dignement exercée deve- nant moralement un véritable office civique, le théo- ricien et le praticien constituent donc, dans les moindres arts, les vrais équivalents des deux pou- voirs spirituel et temporel... Aussi, les qualifications de théorique et de pratique sont les plus propres à caractériser la vraie nature du grand dualisme so- cial, et son extension nécessaire à toutes les parties de l'organisme collectif ».

Auguste Comte marque encore d'autres opposi- tions qui exigent la séparation des deux pouvoirs. L'un est général et Tautre spécial. « La vraie théorie est toujours générale, comme la saine pratique reste constamment spéciale ; puisque chacun doit tout con- cevoir essentiellement, sans que personne aspire à tout exécuter. La spécialité actuelle des prétendus