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362 TROISIÈME PARTIE — LA GRISE MORALE

pourquoi ceux qui se croient de bons citoyens ne font-ils point un journal d'informations, indépen- dant, à gros tirage, qui renseignerait exactement les Français, enseignerait le peuple, contrôlerait les di- rigeants ? Au lieu de s'acharner à recruter quel- ques partisans incertains de nous ne savons quel u coup » miraculeux, pourquoi ne pas bâtir un Palais du peuple, qui faciliterait l'organisation des grandes forces prolétariennes, en les éclairant, en les disci- plinant? Le parti qui ferait cela, d'abord, manifesterait qu'il veut véritablement ce que tous disent vouloir, et qu'il peut. Mais aucun ne le fera, et pour cause.

Les catholiques disent : toute autorité vient de Dieu ; nous disons, nous : de l'Humanité. Sous deux termes différents, c'est le même principe qui su- bordonne la partie à l'ensemble, ce qui passe à ce qui dure. Sans ce principe essentiel aucun appétit personnel n*est contenu, aucun caprice divergent n'est bridé, aucune tyrannie ne se limite. « Nos parlementaires peuvent tout, a-t-on dit, parce qu'ils soutiennent que Dieu n'existe pas ». Peut-être aussi soutiennent-ils que Dieu n'existe pas pour pou- voir tout. Et le parlementarisme les y pousse d'autant mieux qu'il représente le principe contraire, le sa- crifice de l'intérêt général aux intérêts particuliers, la haine du passé qu'on ne veut pas continuer comme de l'avenir qu'on ne peut préparer, pour s'absorber dans l'ignoble jouissance du moment. Il faut un ordre, et un principe qui ne porte pas nécessairement au désordre. Une opinion publique peut s'instruire, s'or- ganiser. Elle est un ensemble de sentiments sociaux.