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358 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

moyens on astreint les femmes à s'infliger la torture de donner à leurs corps les formes et les lignes inat- tendues que la mode décrète? Comment pousse-t-on tant de héros à sacrifier leur bien-être, leur vie, sans autre compensation que la simple approbation de la postérité, cette « autre vie des philosophes » (1), cette opinion publique dans le temps ?

Dans quelque groupe humain que ce soit, même dans les hordes primitives ou sauvages, il y a toujours un pouvoir spirituel. Auguste Comte en a fait l'histoire.

11 ne s'agit point d'orthodoxie absolue, mais de la convergence qui est indispensable pour que la so- ciété ne se détraque point ; de Phygiène morale qui est nécessaire pour que nous pensions et agissions sai- nement et pour que nous soyons heureux ; de Tédu- cation qui est utile pour que nous nous élevions, à tout le moins pour que nous ne dégénérions point.

L'unité morale parfaite est peut-être une chimère; mais sur la poussière intellectuelle et la cendre mo- rale, dans le chaos social, rien ne germe plus, tout languit et meurt.

Même au moyen âge, le catholicisme n'a pu réa- liser cette (■< unité » absolue. Ce serait beaucoup si, avec lui, le positivisme parvenait à en réaliser ce qu'il faut à la France pour vivre. Et pour cela, il

(1) Lettre de Diderot à Falconet. Dans la même lettre, on lit encore : « La postérité ne commence proprement qu'au moment où nous cessons d'être ; mais elle nous parle longue- ment auparavant. Heureux celui qui en a « conservé la parole au fond de son cœur !)) — (( Les peines ou les plaisirs réels ou physiques ne sont presque rien. Les peines et les plaisirs d'opi- nion sont sans nombre ».