Page:Deherme - La Crise Sociale.djvu/371

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE V — LE POUVOIR SPIRITUEL 357

leur qui a fait le catholicisme? On voit trop bien le contraire. «En matière de religion et de civilisation, ajoute M. Mazel, l'humble prière incohérente de risolé importe plus que les plus altières et irréfutables définitions des conciles ». A ce compte, il nous faut placer les misérables Thibétains, avec leurs moulins à prière, en tête de la civilisation. Au surplus, la re- ligion qui ne s'affirme que par « Thumble prière in- cohérente de risolé » n'est pas une religion. Même pour soutenir un paradoxe, on n'est pas autorisé h changer la signification des mots. Sans communion, sans culte, sans Église, il n'est pas de religion, parce que le propre de la religion est de relier (1).

C'est dans ce sens exact qu'on a pu dire que l'homme devenait de plus en plus religieux, et c'est pourquoi le positivisme, dont toute l'admirable sys- tématisation rallie et relie, est la plus parfaite des religions.

M. Henri Mazel nous a demandé encore comment le pouvoir spirituel empêchera les « ignobles » et les « sournois » d'être tels ? Nous lui demanderons, à notre tour, quels sont les articles de loi qui fixent les bonnes et les mauvaises manières, qui imposent la politesse, l'urbanité, par exemple, dans les salons, les lieux publics, voire dans la rue ? Par quels

(1) Nous savons bien qu'on nous propose, aujourd'hui, de faire dériver religion de relegere^ opposé à neg légère ^ et non de religare. Mais ces disputes de pédants ne modifient en rien le sens social d'une grande chose comme la religion. Observer les rites, scrupuleusement, avec fidélité, sans négligence^ c'est en fait se relier. Pas de religion sans culte, et pas de culte sans communauté.