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356 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

une tin sociale par Tun de ces deux pouvoirs. Lisons Comte à propos : « Le principe révolutionnaire con- siste surtout dans l'absorption du pouvoir spirituel par les forces temporelles, qui ne reconnaissent d'autre autorité théorique que la raison individuelle, du moins envers les questions les plus importantes et les plus difficiles. Tous les partis actuels méritent ainsi d'être également qualifiés d'anarchiques et de rétrogrades, puisqu'ils s'accordent à demander aux lois les solutions réservées aux mœurs. Cette pertur- bation est devenue tellement universelle et profonde, que les meilleurs amis de la liberté n'hésitent jamais ' à recourir aux moyens matériels pour faire prévaloir leurs opinions quelconques ».

Pour les délinquants, par exemple, on réclame des peines plus dures. Et puis ? La peine n'est effi- cace que dans un certain ordre social, et non point en proportion de sa dureté, de son mécanisme, mais de la socialité même qui l'édicté, l'applique et la^ subit. S'il ne s'était agi que de frapper fort, il y a longtemps que les sociétés eussent extirpé le vice et le crime, parce que rien n'est plus aisé que de frap- per fort.

Les « vieilles religions » et les « grandes morales »; suffisent, nous a dit M. Henri Mazel (1). Mais com- ment perdurent les vieilles religions et comment se maintiennent les grandes morales? C'est là toujours la question. Est-ce la trancher que d'affirmer que ce n'est pas la force de l'Église, mais la foi au Média-

(1) Enquête de la Coopération des Idées.