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CHAPITRE PREMIER — LES PROLÉTAIRES 2^

d'un capitalisme effréné, sans responsabilité, a gas- pillé de forces vives.

La machine a contribué à diminuer la valeur pro- fessionnelle de l'ouvrier, qui lui était une force de résistance à Texploitation et une source de joies. On parle beaucoup de « la crise de Tapprentissage » ; mais on n'en voit pas la cause. C'est une des pires choses qui soient que le travail sans fierté, pour le pain quotidien seulement. C'est ce travail-là qui provoque les « sabotages » dont nous sommes loin encore d'entrevoir toutes les funestes possibilités.

L'ouvrier n'est donc que campé dans la Cité. En l'isolant, on aurait pu le contenir. Mais le dévelop- pement de la grande industrie a aggloméré des po- pulations ouvrières considérables. Et c'eût été sans grand péril encore, si l'institution malheureuse du suffrage universel n'avait fait surgir toute une légion de politiciens et de journalistes qui n'ont d'autres fonctions que d'exaspérer Tenvie et la haine.

Tout de même, ces mauvais bergers n'auraient qu'une médiocre influence si le peuple connaissait d'autres éducateurs. Mais on sait ce que devinrent les universités populaires. Celui qui leur porta le premier coup est presque ministre aujourd'hui, et c'est évidement tout ce qu'il attendait du peuple-.

L'éducation populaire ne consiste pas à faire des conférences, comme l'imaginent les cuistres, mais èi vivre en sympathie, à comprendre et à se faire com- prendre. Les démagogues, et c'est ce qui fait toute leur force, ont au moins cette apparence de la sym- pathie. C'est parle cœur qu'on touche le prolétaire.