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CHAPITRE IV — LA COOPÉRATION SOCIALE 351

Nous ne savons que trop, hélas! ce que sont les « citoyens » dans Tordre politique. Et c'est bien à cela, en effet, que nous réduit Torgueil critique, à être une poussière sociale, — ici d'État, là d'Église. Le modernisme nous apparaît donc, sous cet aspect, comme une manifestation de Tesprit révolutionnaire, c'est-à-dire un ferment de dissolution. Ce ne fut ja- mais mieux mis en lumière que par M. Paul Sabatier : (( Croire ce que croit l'Église, pour un moderniste, c'est bien répéter les antiques credos, unir sa voix à celle de la communauté qui chante, mais c'est' plus encore, et c'est surtout vivre de la vie de l'Église, de la vie d'une société qui, dans le temps, pense à l'é- ternité ; on ne se laisse pas écraser par les sollicita- tions du moment présent, mais on sent sa force, sa fécondité. Ce n'est ni mépriser la tradition, ni la ca- noniser ; c'est y puiser, comme puise une plante dans un sol généreux, des éléments en apparence bien inférieurs, se les assimiler, les élaborer et porter de nouveaux fruits. Être catholique, pour le moderniste, ce n'est pas avoir la pensée d'un homme, d'une époque, d'une école, c'est vibrer à l'unisson de la pensée de tous les siècles, en comprendre la succes- sion, l'évolution, les étapes, la vie, voir comment le paganisme a été le prélude nécessaire du culte de Jéhovah, comment celui-ci a été la préface des vi- sions prophétiques, comment les voyants d'Israël ont été les précurseurs de celui qui a été doux et humble de cœur et qui, lui-même, a laissé quelques-unes des idées qui inspirent tout le programme du moder- nisme. (( Je ne suis pas venu abolir la loi et les pro-