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350 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

Ainsi, elle a fait sa part au mysticisme inhérent à toute doctrine théologique ; mais sans plus. Elle ne s'est pas laissée absorber comme certaines sectes protestantes. Elle a toujours tenu ces mystiques en observation. Si elle se peut glorifier des plus grands, c'est qu'elle n'a jamais admis qu'aucun fût médiocre. Entre M"'^ Guyon et sainte Thérèse, il n'y a que cette différence de la médiocrité et du génie.

Une étude scientifique de la psychologie des mys- tiques est presque impossible. Le plus souvent, nos psycho-physiologues disent là-dessus de lourdes sot- tises. Un scandale récent, qui s'est dénoué devant les tribunaux, a montré Tinaptitude'de la plupart de nos contemporains à comprendre cet état d'âme ma- gnifique et dangereux. Et les ecclésiastiques qui se trouvèrent mêlés à cette affaire ne firent pas exception.

Certes, la sincérité naïve et l'élan enthousiaste des modernistes ne laissent point que de nous toucher; mais on craint qu'ils n'aggravent la confusion et l'a- narchie. « Parmi les sujets du Saint-Siège, comme parmi ses ennemis, il y a bien des hommes qui se figurent que la déroute de Pie X sera la fin de tout, la fin de la foi, la fin de l'unité, la fin de toute reli- gion, le règne d'une anarchie matérialiste féroce. 11 y aura sûrement bien des douleurs, bien des larmes, d'indicibles déchirements, mais ces déchirements ne vont pas à la mort. La crise actuelle ne tuera pas rÉglise ; elle la transformera. Le catholique de de- main ne sera plus un sujet, mais un citoyen » (1).

(1) Paul Sabatier, Les Modernistes.