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348 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

un élément nouveau : il a conscience d'appartenir à ce passé ; il ne se prend pas pour un spectateur de hasard, il a la sensation de la vie qui circule par- tout; ce passé vit encore en lui. C'est par cette sen- sation d'union intime avec le passé que Texégèse moderniste prend une physionomie tout à fait origi- nale à côté de Texégèse protestante ».

Est-ce donc seulement pour appliquer une mé- thode d'exégèse qu'on a provoqué cette crise, au mo- ment même où l'Église a besoin de rassembler toutes ses forces? Mais c'est là affaire de pédants, non de pasteur de peuples. Toutes les interprétations les plus ingénieuses et les plus éloquentes de l'Évangile selon saint Jean et de l'Apocalypse ne valent point la sérénité de l'âme d'un porcher bas-breton.

Ce n'est « ni un parti, ni une école, c'est une orientation », nous dit-on encore. Et on nous assure que, parmi les modernistes, à côté de l'historien, du savant, on voit le pur et simple démocrate, le poète, l'ouvrier, Tévêque, le séminariste. (( Et pourtant, malgré toutes ces différences de situation, de préoc- cupations, de vocation, ils se reconnaissent». Soit. Mais où tendent-ils ? Que réalisent-ils? On connaît la force sociale de TÉglise traditionnelle, on entre- voit ce que le positivisme organisé pourra être ; mais quelle discipline va instituer l'union bizarre de ces ^exégètes et de ces démocrates ? « En définitive, nous dit M. Paul Sabatier, le modernisme est un réveil. S'il 5'était produit dans un milieu protestant, il se serait traduit par des conversions ou des régénérations in- dividuelles ; se produisant dans des milieux catho-

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