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CHAPITRE IV — LA COOPÉRATION SOCIALE 347

beaucoup encore. Une doctrine ne vaut que par ce qu'elle réalise.

Le modernisme est-il vraiment, comme le dit M. Paul Sabatier (1), a la crise la plus profonde par la- quelle ait passé l'Église depuis le treizième siècle »? Sans méconnaître la vigueur de ce mouvement, on le ramène à des proportions plus exactes si l'on fait remarquer que s'installer en chaire de Sorbonne est moins tragique que de monter sur le bûcher. Les conséquences historiques en sont aussi, n'en dou- tons point, bien moins graves.

L'Église ne peut être que ce qu'elle est; mais l'in- quiétude qui la trouble indique assez qu'elle n'est pas tout ce qu'il faut à notre temps. Le modernisme ne signifie pas autre chose. Malheureusement, ses adeptes restent trop imprégnés de théologisme pour aller au positivisme, qui les mettrait en accord avec eux-mêmes et aussi avec l'Église. Quelques-uns iront au protestantisme, mais la plupart, les plus sincères, n'auront même point la ressource de cet expédient. Car le modernisme n'est pas, comme on Ta dit, une « infiltration protestante ». C'est le déchet produit par une religion qui ne s'adapte plus exactement à la vie sociale présente, mais c'est encore de la ma- tière catholique. Lé modernisme reste essentielle- ment catholique. « Le moderniste est donc un homme, dit Paul Sabatier, qui regarde et qui s'efforce de voirie passé dans toute sa complexité ; cette attitude, il est vrai, était déjà celle du pur savant ; lui y ajoute

(1) Les Modernistes.