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344 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

poète. Au fond, il entend mal les angoisses de ceux qui ne peuvent partager sa foi naïve. Et n'est-ce point ceux-ci qui ont le plus besoin de réconfort et de direction ? En réalité, il ne s'agit point de crédu- lité ou d'incrédulité, il s'agit de Fétat théologique, de l'état métaphysique et de l'état positif. L'état positif peut faire surgir une croyance plus forte que l'état théologique, puisqu'elle porte sur tout ce qui est démontrable sans avoir besoin d'être constam- ment démontré.

D'autre part, la croyance, quelle qu'elle soit, n'est pas toujours une discipline. Le spiritisme est une croyance et nous savons qu'il conduit au cabanon. Il faut que la croyance réunisse, par rapport à un temps, à une race, les conditions d'une religion so- cialisée. On les connaît. C'est moins le Christ que la force sociale de l'Eglise qui a fait l'admirable édu- cation des Français.

Est-ce à dire qu'il faille revenir à l'Église ? Pour les croyants et les demi-croyants, pour tous ceux dont l'âme aspire encore au surnaturel, pour tous les vagues spiritualistes, oui, certes. Mais pour les autres, ceux dont l'esprit a définitivement franchi les états théologiques et métaphysiques, — ce qui leur permet de les mieux comprendre en sympathie, — ce serait en vain qu'on les y inviterait. Ceux-ci, c'est à la religion positive qu'ils doivent adhérer, Le salut du pays, d'abord, du monde occidental en- suite, de la planète enfin, par l'unité morale et intel- lectuelle indéfectible, est là.

Depuis qu'ils sont sans direction commune, les