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340 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

pas moins difficile qu'utile et urgente. Il y faut, noua l'avons dit, le concours des catholiques et des posi- tivistes, auxquels s'adjoindront peut-être quelques sages protestants. Gomme le propose Edmond Thiau- dière, il faut nous coaliser, tous ceux qui ont une religion, contre les barbares qui n'en ont pas. Le catholicisme étant la religion naturelle des Français, la mieux constituée, la plus positive aussi, il est ab- surde et criminel de vouloir Texclure de la partici- pation à la direction de l'opinion publique. 11 faut être les niais et bas politicailleurs que sont la plupart de nos parlementaires pour s'imaginer qu'on gouverne un pays contre l'âme que lui ont faite les siècles.

Une telle union peut-elle se faire ? Oui, puisqu'elle est nécessaire.

Quelques catholiques ont déclaré cette alliance inacceptable. Pourquoi ? Le positivisme ne demande aucune concession. Il n'offre pas d'en faire non plus. Chaque partie reste indépendante. Il s'agit seule- ment de se délimiter nettement et de se respecter, pour mettre fin à une anarchie mortelle. L'Église souffre beaucoup plus de cette anarchie que le posi- tivisme. Elle a un intérêt plus grand et plus immé- diat à y mettre fin. Elle ne peut rien sur le positi- visme, qui est un état définitif, et le positivisme ne veut rien contre elle. Elle a donc à faire,, dans notre société agitée, une ample moisson d'âmes désempa- rées. Si le positivisme parvient à discipliner les vé- ritables incroyants, cela même est pour elle, puisque ce sont autant de persécuteurs qui deviennent des descendants respectueux et reconnaissants.