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CHAPITRE III — l'individualisme 335

— c'était l'ambition, — et les volontés convergeaient ; on veut avoir, — c'est l'arrivisme, — et elles di- vergent. C'est qu'on ne pouvait avoir sans être. Au- jourd'hui, il en va autrement. Les talents qu'il faut acquérir pour être nuisent à ceux qu'il faut employer ' pour avoir. Il n'y a plus d'ordre.

La volonté est donc dispersive. Il y a un maximum d'énergie dépensée pour un minimum de synergie obtenue. Et c'est là qu'est tout le mal, conséquence de l'anarchie générale.

On ne le guérira pas en exaltant l'énergie avec Nietzsche ; mais en organisant la coopération des volontés avec Auguste Comte.

Il ne suffit pas de dire comme Daniel Lesueur : « L'obéissance, la discipline, comme source d'éner- gie, il nous les faut. Et il nous faut aussi un peu plus de dureté, pour nous-mêmes et pour les autres ». Ce stoïcisme actif, qui s'évertue d'ailleurs dans le vide^ ne sera jamais que pour quelques individus heureu- sement inconséquents. Le stoïcisme n'a jamais été et ne sera jamais une philosophie sociale. Il n'a eu pour lui que de préparer les voies au christianisme.

Ce ne sont pas les volontés, quelles qu'elles soient, que nous avons à exalter : ce sont les bonnes vo- lontés que nous avons à rallier et à organiser. Pour mieux dire, ce sont les caractères que nous avons à former, — si l'on entend bien que le caractère est un ensemble organique de vertus sociales. L'ordre y est nécessaire.

Ainsi, le Maître que nous avons à proposer, ce n'est pas l'Allemand Frédéric Nietzsche, c'est le