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334 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

M"* Daniel Lesueur en veut beaucoup aux Cham- balot, à ceux qui trouvent dans Nietzsche, non les i motifs de Teffort attentif et constant sur soi, mais les prétextes d'un arrivisme effréné ou, moins que cela encore, la justification de toutes les vilenies et de toutes les bestialités. Elle a tort. On peut extraire cela, et pis encore, des apophtegmes souvent nua- geux de Nietzsche. On peut tirer tout de toutes les théories sans racines dans Tâme ou sans fondement so^ cial.M""^ Daniel Lesueur cite elle-même : « Ce que des» hommes de puissance et de volonté peuvent exigeiN d'eux-mêmes donne la mesure des droits qu'ils peu- vent s'accorder ».

Le positivisme ne dispense point de ces prétextes commodes. Pour Auguste Comte, plus on a de pou- voir, plus on a de devoirs ; en tout cas, on n'a jamais qu'un seul droit, celui de faire tout son devoir.

C'est que le positivisme a des assises. Tout se tient et tout est rapporté à ce qui dure, c'est-à-dire à la société. Nietzsche n'a que des théories. Et c'est le malheur du temps qu'il n'y ait que des théories et pas de doctrine, de la logique et pas de cœur. La raison et l'énergie ne sont jamais qu'au service des impulsions égoïstes quand elles ne se subordonnent point au sentiment social.

Ce n'est peut-être pas la volonté qui manque le plus, c'est qu'elle soit bonne et qu'elle soit disci- plinée. Comme on l'a fait remarquer, les arrivistes en ont de reste.

Il faut distinguer. Il y a eu l'ambition, il y a l'arri- visme. Ce n'est pas la même chose. On voulait être,