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CHAPITRE III — l'individualisme 333

tendre. Ainsi, elle se dénature. Elle ne peut rien. Elle passe, et rien ne lui survit. Une vraie femme, au <;ontraire, avec son énergie spontanée du cœur, qui s'oublie pour faire la race, comme fille, épouse et mère, a une action profonde, étendue, et qui ne finit pas avec elle. Elle enfante, elle élève, elle inspire ^t elle règle.

Une simple chrétienne qui s'en tient au Décalogue, malgré tout, une humble prolétaire qui suffit aux soins du ménage avec ses pauvres ressources et qui •élève convenablement ses enfants, manifestent plus d'énergie vraie, entendons efficace parce que conver- gente, que cette nietzschéenne qui ne « tient bon », somme toute, que dans certaines circonstances favo- rables, car rien ne la garde sûrement d'un sophisme ou d'une impulsion, — pas même l'opinion publique et les règles traditionnelles qu'elle méprise avec une sotte outrecuidance.

La nietzschéenne de W"^ Daniel Lesueur ne vaut que par l'orgueil. Ainsi, elle s'élève bien au-dessus des Clarisse et Claudine, de toutes les petites bêtes perverses et stupides qu'on a accoutumé de" nous présenter dans les romans parisiens. Mais si elle est moins laide et moins ridicule, elle n'est pas meil- leure socialement. Elle meurt en beauté, et sans doute en s'applaudissant, mais en ayant fait, autour d'elle, plus de désordre et de mal que d'ordre et de bien.

Bien mourir est quelque chose, évidemment ; mais c'est de vivre qu'il s'agit surtout, et d'une vie féconde.