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326 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

De même qu'il n'y a pas de droit indispensable, il n'y a pas de devoir inutile.

C'était une vainc question de savoir si Ton peut réduire de quelques jours les périodes d'exercice des réservistes et territoriaux ; mais c'a été une terrible folie que de risquer ainsi, d'un coup de dé, en ré- duisant les périodes, toutes les possibilités de la so- ciété française.

Au surplus, cette préoccupation obsédante qu'ont les élus de réduire les devoirs sociaux de toutes sortes a certainement pour effet, — même quand ces de- voirs paraissent superflus, — d'énerver la socialité, de relâcher les liens sociaux et d'accoutumer le peuple à ne se reconnaître plus que des droits.

Et c'est duperie, en définitive. Si tous les citoyens font tous leurs devoirs, n'est-ce point comme s'ils obtenaient tous les droits possibles ? Si personne ne remplit ses devoirs, si, de ce fait, il n'y a plus de so- ciété, peut-il y avoir d'autres droits à exercer pour chacun que ceux, limités à ses pauvres moyens et à sa précaire existence, de la bête sauvage?

Mais la logique prouve tout. Et les Français sont devenus très forts à cet exercice. Les pires insanités, plus ou moins systématisées, ont des adeptes fer- vents.

11 en fut toujours ainsi aux époques de transition ou d'anarchie morale et intellectuelle. Quand les intelligences et les volontés ne sont plus contenues et guidées, elles se désorbitent et se dispersent. Tant que l'Église ne fut pas suffisamment organisée, jus- qu'au troisième siècle, on vit surgir dans le christia-