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324 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

On Tentend bien, nous ne recherchons pas ici ce qu'est le devoir en lui-même, de qui ou de quoi il émane. « Parmi les vingt théories philosophiques sur les fondements du devoir, disait Renan, il n'y en a pas une seule qui supporte l'examen ». Ce sont des devoirs concrets qu'il s'agit, et de les remplir. Et puisque ce sont les revendications des prétendus droits qui sapent les institutions, épuisent la société, il faut leur opposer la question préalable, car la so- ciété est en danger.

Renan disait encore : « L'État ne sait et ne peut savoir qu'une seule chose, organiser Tégoïsme. Gela n'est pas indifférent ; car l'égoïsme est le plus puis- sant et le plus saisissable des mobiles humains. Mais cela ne suffit pas. Les gouvernements qui sont partis de cette supposition que l'homme n'est composé que d'instincts cupides se sont trompés. Le dévouement est aussi naturel que l'égoïsme à l'homme de grande race. L'organisation du dévouement, c'est la religion. Qu'on n'espère donc pas se passer de religion ni d'associations religieuses. Chaque progrès des so- ciétés modernes rendra ce besoin-là plus impérieux ».

Or l'État républicain ne s'est même pas montré capable d'organiser l'égoïsme bien entendu. Pour or- ganiser quoi que ce soit, il faut être une force qui arrange et combine d'autres forces, et c'est ce que le parlementarisme ne supporte point. Quant à la religion et aux associations, elles ont été dissoutes, émiettées comme toutes les autres forces organiques.

Nous n'avons plus d'autre lumière que la tradition. Nous ferons ce que nos ancêtres ont fait, Pourquoi ?