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322 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

nouvelle, Lucie (1), où elle contait sa tragique aven- ture de femme mariée à un homme infâme : « C'est en vain que notre malheur nous pousserait à nous élever contre la société ; ses institutions sont grandes et respectables comme le labeur des temps ; il est indigne des grands cœurs de répandre le trouble qu'ils ressentent ».

Pour se rendre compte de ce que vaut cet esprit social averti contre celui qu'on lui oppose, il suffit de mettre en regard la lumineuse lettre de M. Paul Bourget sur le divorce, publiée par le Matin^ et rinepte réponse que lui fit le lendemain M. H. Harduin.

M. Paul Bourget disait en substance : la cellule* sociale est la famille, non l'individu ; le divorce n'a- pas diminué, comme on eût pu le croire, il a accru considérablement les crimes passionnels, l'adultère,? tous les désordres qu'on attribuait à l'indissolubilité des unions mal assorties ; le divorce a multiplié les mauvais ménages, parce que l'idée du changement y provoque ; c'est un des caractères du divorce qu'il aille toujours en augmentant et qu'il faille toujours l'élargir, jusqu'à la chiennerie universelle ; la situa- tion de l'enfant est pitoyable ; Morselli a établi que, dans les pays où le divorce existe, le nombre des criminels, des fous et des suicidés est proportionnel- lement décuple chez les divorcés par rapport au reste delà population; enfin, le divorce est proprement un regrès vers la promiscuité grégaire.

(1) Reproduite dans la préface du Système de politique po- sitive d'Auguste Comte.