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I CHAPITRE III — l'individualisme 321

I « Puis-je ne pas voir, disait Gratry, que je me préfère à autrui, à Tordre, à la justice et à la vérité, par conséquent à Dieu ; que non seulement je me préfère à mes semblables, mais que j'accepte, pour un peu de bonheur, une grande souffrance Id'autrui? Que chacun descende en son cœur. Qui n'a pas eu, dans sa vie, quelque heure de féroce passion où Ton eût accepté la destruction du genre humain pour vivre dans sa concupiscence satisfaite à ce prix ».

En toute occurrence, il y a donc à obéir d'abord, et, si Ton y tient, on cherchera ses motifs ensuite. L'instinct social qui nous pousse spontanément à obéir est toujours plus sûr que la conscience qui, à tout le moins, nous fait hésiter.

En avançant par là, les principes organiques de toute société se confirment en s'éprouvant. C'est pourquoi la discipline sociologique nous préserve heureusement des divagations insanes des innom- brables hérauts de nos « droits » que suscite le sys- tème électoral.

Nous savons bien que les institutions créées au -cours des siècles par le génie de l'homme et l'impla- cable fatalité des choses ont leur raison d'être, même avec leurs « abus », même avec leurs « mensonges », même avec leurs « iniquités », et qu'il n'y faut tou- -cher qu'avec précaution.

Une femme d'âme élevée, dont la vie avait été tra- versée par un de ces drames poignants qui servent si bien de prétextes aujourd'hui à toutes les subver-

sions sociales, Glotilde de Vaux, disait dans une

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