Page:Deherme - La Crise Sociale.djvu/334

Cette page n’a pas encore été corrigée

320 TROISIÈME PARTIE — LA CRISE MORALE

idées et les hommes. La démocratie, la libre-pensée^ le socialisme nous apparaissent, dans ce gâchis^ comme des erreurs énormes ; mais, somme toule^ rien n'est moins certain. Il y manque l'épreuve loyale. Jusqu'ici, ils ne se sont exprimés que dans des con- ditions anormales. Et ce n'est pas un des moindres- griefs qu'on ait à faire au régime parlementaire que de fausser ainsi toutes les expériences sociales.

Le suffrage universel est à coup sûr, contrairement à ce qu'espéraient ceux qui Font institué, le meilleur moyen de gouverner — exploiter serait plus exact — un grand pays contre la volonté profonde, le sen- timent continu de la nation et d'empêcher toute con- sultation nationale sincère.

Soyons assurés que ceux qui nous pillent, nous briment et nous menacent au nom de la démocratie^ de la libre-pensée et du socialisme ne sont pas ceux, qu'on verrait à l'œuvre, à la peine, si la démocratie s'organisait, si la libre-pensée s'élaborait et si le so- cialisme s'appliquait vraiment en période organique?*^

Ainsi, c'est être contre le suffrage universel, con- grûment, que de rappeler les devoirs qui nous in- combent à tous.

Mais lesquels? mais quand ? — Tous, et toujours. Ce n'est pas la conscience qui les peut discerner oii I en fixer l'opportunité. Ne nous leurrons point. Notre conscience, c'est nous-mêmes, et nous sommes juges j trop partiaux pour nous-mêmes de nos propres de- voirs. Au point de vue social, notre conscience n'est guère mieux qu'une insinuante proxénète logique, toujours là pour servir nos faiblesses et nos humeurs.