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CHAPITRE III — l'individualisme 319

Seraient probablement restés de bons et utiles servi- teurs du pays, peuvent être fiers de leur œuvre ! Le grain qu'ils ont semé lève, et la moisson promet ! »

-Mais c'est moins encore aux politiciens qu'il faut s'en prendre qu'au régime néfaste qui les produit nécessairement.

Le suffrage universel est la désorganisation poli- tique. Étant le moyen de revendication de tous les « droits », c'est-à-dire, entendons-nous, de tous les intérêts particuliers, il est l'oubli de tous les « de- voirs », entendons de tous les intérêts généraux.

Il ne faut pas attendre des hommes plus qu'ils ne peuvent donner. Si chaque commerçant est consulté sur la réglementation de son commerce, il décidera la fraude, la falsification et le monopole ; si chaque ouvrier est consulté sur les conditions du travail, il votera pour la paresse et les plus hauts salaires ; si chaque conscrit est consulté sur le temps de service qu'il doit à la patrie, il acclamera le désarmement, ' — et s'il est pourvu de son certificat d'études, s'il a pris l'habitude des grands mots, du sophisme, pour se justifier, il prouvera que la patrie est un préjugé.

Tout le mal est là. Et avec notre parlementarisme qui ne flatte que les lâchetés^ parce qu'il ne se sou- tient que par les lâchetés, le péril ira s'aggravant. « Tenir tête à quelqu'un ou à quelque chose, dit M. George Duruy, est-ce que cela se sait encore en . France, à cette heure ? Les esclaves ivres, ô déri- sion ! on se défend contre eux en leur versant à boire ! »

Tout est donc dénaturé, tout est confondu, les

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