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CHAPITRE III — l'individualisme 317

Tious autant d'ardeur à la reconstituer qu'aujourd'hui de fureur à la détruire.

Ce sera d'abord nous reconnaître des devoirs.

Si ce n'est pas s'assurer le succès du moment, dont nous n'avons cure, c'est faciliter la tâche de recon- stitution que de parler des devoirs plus souvent que des droits.

Les devoirs sont positifs, les droits sont négatifs ; ceux-là sont une capitalisation de forces sociales, ceux-ci sont une dépense ; ceux-là sont la coopéra- tion féconde, ceux-ci sont le parasitisme mortel. Les devoirs sont remplis par tous et sont pour tous, en définitive ; les droits sont pour quelques-uns et contre d'autres, ou encore — et c'est bien la mystifia cation suprême — s'ils sont exercés par tous, c'est contre tous. Les devoirs fortifient la société de toutes les forces qui convergent vers elle, les droits l'affai- blissent de tout le sang qu'on lui soutire ; ceux-là disciplinent, forgent les volontés individuelles,, ceux-ci dispersent, énervent, atrophient les énergies.

Qui ne voit que si chacun faisait tout son devoir, et plus, sans peser, c'est-à-dire sans frauder, les choses iraient mieux, — en ordre, en justice, en li- berté et en humanité?...

Pourquoi ne le fait-on pas, ou rarement, ou en rechignant, par contrainte ? Est-ce mauvaise volonté ou stupidité ?

Sans doute, si l'école officielle, avec son manda- rinat, son psittacisme, a développé tératologique- ment le verbalisme, la vanité de la singerie d'éru- dition, elle n'a pas su mettre en valeur le fonds so-